Les résultats enregistrés aux appels à projets du PIA (Programme des investissements d'avenir) permettront à la filière sciences de la vie et de la santé de disposer « de financements inédits pour concrétiser de nombreux projets et bâtir en Alsace un écosystème scientifique d'excellence » : tel est l'un des principaux « faits marquants » du bilan d'activité 2011 du pôle de compétitivité Alsace Biovalley, indique sa direction à AEF en mars 2012. « L'excellence des compétences des laboratoires alsaciens de la filière vie-santé, couplée à la mobilisation autour de l'université de Strasbourg, a porté ses fruits […]. L'Alsace est ainsi devenue le premier campus santé de France hors Île-de-France et va bénéficier, dès 2012, de financements nationaux sans précédent, [affectés] à l'université de Strasbourg et ses partenaires. Ces opportunités devraient également bénéficier, par effet ricochet, à l'ensemble des acteurs alsaciens de la filière vie-santé : industriels, sous-traitants, etc. ».
« Dans les investissements d'avenir, le niveau d'implication du pôle a été variable, en fonction des appels à projets », précise Nicolas Carboni, directeur du pôle jusqu'au 31 mars 2012. En particulier, « six labex (laboratoires d'excellence) en santé labellisés à Strasbourg ont été accompagnés par le pôle [sur onze obtenus au total], qui a d'ailleurs contribué à d'autres en association. Avec le succès rencontré au niveau des labex, Strasbourg se situe au deuxième rang national. » Nicolas Carboni prend concrètement ses fonctions de PDG de la Satt Conectus Alsace, lundi 2 avril (AEF n°161101). Guillaume Ebelmann, directeur des opérations au sein du pôle, lui succéde comme « directeur général délégué » d'Alsace Biovalley.
IDEX, SATT, ETC. : L'IMPLICATION DU PÔLE
« Au sujet de l'idex (initiative d'excellence), le pôle Alsace Biovalley était le seul membre externe aux établissements au sein du comité de pilotage », poursuit Nicolas Carboni, qui a défendu le dossier devant le jury international, aux côtés des représentants de l'université, duCNRS et de l'Inserm. À terme, les laboratoires et entreprises de la filière devraient bénéficier des « instruments » prévus, « à l'instar de plates-formes et du projet de campus Tech Med », dont le « vaisseau étendard » est l'IHU (institut hospitalo-universitaire) strasbourgeois, centré sur la chirurgie mini-invasive (AEF n°131740).
Le directeur du pôle se montre également satisfait par l'obtention d'un financement pour le projet d'usine-école Ease (European aseptic and sterile environment), « inscrit dans la feuille de route d'Alsace Biovalley avant d'être porté par l'université, dans le cadre de l'appel à projets du PIA concernant les formations en alternance ». Le financement de cette infrastructure – d'un coût total de 27,2 millions d'euros – sera assuré grâce à des apports à hauteur de 8,4 millions d'euros de l'État (via la CDC, opérateur), de 4 millions d'euros du conseil régional d'Alsace, et de 4 millions d'euros de la CUS (communauté urbaine de Strasbourg), le solde de 6,8 millions d'euros étant directement apporté par des industriels. L'idée est de former, en conditions réelles, aux métiers de la production en salles blanches : « Nous nous appuyons sur des opérateurs de formations existants, notamment l'Université de Strasbourg, pour les formations initiales et une partie de la formation continue, et l'Ifis (Institut de formation des industries de santé), le bras de formation de l'Ariis (alliance pour la recherche et l'innovation des industries de santé) », rappelle Nicolas Carboni.
En outre, le lancement de la Satt Conectus Alsace, financée à hauteur de 36 millions d'euros (AEF n°161101), entraînera un renforcement des liens entre Alsace Biovalley et le réseau Conectus. « L'historique est déjà important, avec deux personnes mutualisées, une boîte à outils de contractualisation, ainsi que des actions de cartographie engagées en parallèle », rappelle Nicolas Carboni, président de la Satt alsacienne. « Mais nous irons plus loin », annonce-t-il. « Nous allons nous doter d'une vraie stratégie 'business development' commune, pour que les actions soient menées avec davantage de cohérence et une meilleure utilisation des ressources. De même, nous continuerons à faire fonctionner des binômes 'pôle-Satt' dans la construction de projets de R&D collaborative », prévoit Nicolas Carboni. Enfin, « l'ensemble du travail engagé par le pôle (AEF n°115958) constitue un intrant dans le processus de décision d'investissement en maturation de la Satt ».
« COOPÉRATION TRINATIONALE »
Au-delà des résultats obtenus aux investissements d'avenir, le bilan d'activités 2011 communiqué par le pôle fait état de deux autres « faits marquants ». D'une part, il existe « de nouveaux dispositifs pour soutenir la croissance des entreprises alsaciennes de la filière sciences de la vie-santé ». Face aux difficultés des jeunes entreprises innovantes à lever des fonds pour leur développement, Alsace Biovalley et l'incubateur Semia proposent notamment, comme nouveau dispositif d'accompagnement aux TPE et aux PME, le label 'EIP' (pour « entreprise innovante des pôles ») : « Basé sur l'intervention d'experts, ce label lancé fin 2011 a pour but de les aider à mieux convaincre des investisseurs ». D'autre part, les « partenariats inédits » noués avec d'autres clusters 'santé' internationaux (comme le Consortium québécois sur la découverte du médicament) représentent « de nouvelles opportunités d'activités pour les entreprises alsaciennes » ; enfin, certaines TPE et PME ont été intégrées dans des programmes européens, « au travers du support apporté par l'ARI (agence régionale d'innovation, [1]) ».
D'autre part, la direction du pôle évoque « des collaborations facilitées entre entreprises et laboratoires de recherche alsaciens, suisses et allemands ». « En 2011, la coopération trinationale s'est inscrite plus que jamais dans le concret, avec près de quinze événements 'réseaux' réunissant 1 300 participants. [Et] les événements de 'networking' se calquent aux attentes des entreprises, comme en témoigne le succès des rencontres 'Meet & Match' réunissant sur un thème scientifique pointu entre 50 et 100 experts ; l'an dernier, les cinq rencontres organisées ont permis d'initier dix collaborations partenariales », est-il souligné dans le bilan d'activité.
« NOUS NOUS SITUONS LARGEMENT DANS LES OBJECTIFS FIXÉS »
Le contrat de performance 2013-2015 du pôle sera finalisé à l'automne 2012. « Pour la période 2009-2011, nous avons reçu les évaluateurs courant février 2012. Nous nous situons largement dans les objectifs fixés […]. Force est de constater que la doctrine de l'État a évolué ces dernières années, la dimension formation étant de plus en plus importante : nous avons travaillé avec l'UdS et d'autres partenaires à construire plusieurs nouveaux parcours de formation, à l'instar de la licence professionnelle 'sciences du médicament' proposée en apprentissage à la faculté de pharmacie. En parallèle, notre rôle est de mobiliser nos acteurs industriels et élaborer avec eux le profil de compétences et de capacités qu'ils souhaitent trouver dans leurs recrutements ».
En 2005, le pôle s'était engagé sur trois indicateurs quantitatifs à dix ans. « Nous visions 5 000 emplois, 90 entreprises créées ou implantées et une multiplication par deux du volume de recherche collaborative, dont le niveau était déjà à 40 % au-dessus du niveau moyen des universités scientifiques françaises. Où en sommes-nous aujourd'hui, à peu près à mi-parcours ? Avec 2 200 emplois créés [issues de projets où le pôle est impliqué], 43 entreprises créées et une hausse de 60 % des partenariats public-privé, nous sommes dans les clous », conclut-il.