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  • : EDUCATION 2.0 - L'actualité de l'éducation, l'enseignement supérieur et la recherche
  • : L'actualité et les débats de l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation
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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 14:13

Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, a annoncé le 8 juin, lors d'une visite à l'Ecole Centrale, la création d'un "indicateur de performance sociale" des établissements d'enseignement supérieur dépendant de son ministère. 

Ce nouvel outil devrait permettre de prendre en compte l'accueil et la réussite des étudiants boursiers, de fixer des objectifs pluriannuels et, plus généralement, d'évaluer les résultats de la politique menée en faveur de l'égalité des chances dans l'accès à l'enseignement. Cet indicateur est le bienvenu, il était nécessaire. Il n'existe pas de politique sérieuse sans outil pour en mesurer les effets. La poursuite d'un objectif exige de mesurer les résultats des efforts entrepris pour l'atteindre, les avancées et les retards. L'objectif des 30 % de boursiers en grandes écoles est un engagement présidentiel, ce taux fait largement consensus auprès des établissements concernés, il est normal de se donner les moyens de l'observer. Ce taux n'est, rappelons-le, qu'un indicateur de bonne santé du système éducatif. Il est raisonnable de penser que lorsque chaque filière de notre enseignement supérieur, filières universitaires comprises, bien entendu, comptera 30 % de boursiers, les modes de sélection auront cessé d'être des modes déguisés de reproduction sociale. Les écoles sont seules juges de la façon d'atteindre cet objectif, dans le respect des principes républicains, et les moyens sont nombreux.

Mesurer est une bonne chose. Ceci dit, aucun outil de pilotage ne fonctionne sans pilote. L'ouverture sociale de notre enseignement supérieur ne se fera que si l'Etat s'empare réellement du sujet et confie la coordination d'ensemble des problèmes à une entité interministérielle ad-hoc.
Alors que les écoles de grande notoriété, de part leur capacité d'entraînement, devraient montrer l'exemple en la matière, elles sont généralement les mauvaises élèves de l'ouverture sociale. Il se trouve justement qu'au moins pour les écoles d'ingénieurs, ces écoles sont des écoles publiques…
L'Etat n'exerce aujourd'hui que très imparfaitement la tutelle des établissements placés à sa main et, en particulier, peine à impulser une politique d'ensemble vraiment ambitieuse, par défaut de gouvernance et d'autorité. Les grandes écoles dépendent de près de dix ministères différents. Le champ d'expertise d'un ministre est trop large pour qu'il consacre du temps à ce pilotage opérationnel. Un gestionnaire d'un groupe d'écoles ne peut pas davantage traiter ce dossier, englué au quotidien dans des problèmes d'équilibre budgétaire et de recherche de productivité. Dans ce contexte, comment convaincre et mobiliser les équipes de direction des écoles sur l'importance stratégique de l'ouverture sociale si elle fait uniquement l'objet d'une annonce annuelle ?

UN ÉTABLISSEMENT PUBLIC PLACÉ SOUS LA TUTELLE DES MINISTÈRES

La dissémination des moyens et cette gouvernance en tuyaux d'orgue freinent la mise en place d'un monitoring rigoureux et empêchent l'émergence d'une vision d'ensemble, impérative pour traiter des sujets complexes. La mutualisation et l'optimisation des moyens, la réallocation des marges dégagées au profit de la formation d'un nombre accru d'étudiants, le rapprochement des structures géographiquement proches et scientifiquement complémentaires, l'implication accrue des entreprises dans la recherche, l'élaboration de politiques de recrutement tenant compte des impératifs d'ouverture sociale, l'amélioration des conditions de vie des étudiants… Ces missions appellent un pilotage coordonné, cohérent et structuré. Il n'existe pas actuellement.

Pour corriger ce défaut d'organisation, préjudiciable au rayonnement et à la performance de nos écoles, sans nuire à leur identité, il est impératif de revoir en profondeur l'organisation de leur tutelle. A l'heure où les marges de manœuvre de l'Etat diminuent, il est essentiel d'user pleinement de toutes celles dont il dispose, et d'actionner réellement les leviers qu'il maîtrise. Toutes les grandes écoles, au-delà de leur statut juridique, participent de la mission de service public d'enseignement supérieur et de recherche. Certaines sont placées sous la tutelle de l'Etat et sont donc financées sur fond publics : l'Etat n'a pas seulement vocation à les "inciter" et à les "encourager", il peut aussi les contraindre et les conduire, reprendre l'ascendant pour fédérer les énergies. La politique d'ouverture sociale de notre enseignement supérieur a été définie comme une priorité nationale. Cette politique ne doit donc négliger aucun des moyens de la puissance publique. Ils sont nombreux, eux aussi.
Une agence de développement des grandes écoles (ADEGE) constituée progressivement par apport des ressources placées dans les différents ministères, permettrait de traiter avec la hauteur de vue qui convient l'ensemble des problématiques de l'ouverture sociale, de la recherche ou de la coopération avec l'industrie.

Cette agence prendrait la forme classique d'un établissement public placé sous la tutelle des ministères. Une structure de préfiguration légère pourrait en un temps relativement court proposer une organisation et une stratégie de déploiement au premier ministre, comprenant la rédaction des éventuelles dispositions législatives et réglementaires. Dans un premier temps, cette structure de préfiguration pourrait porter ses efforts sur les écoles d'ingénieurs publiques avant que le modèle retenu ne soit éventuellement transposé aux autres grandes écoles.

Yazid Sabeg, commissaire à la diversité et à l'égalité des chances

 

 

 Source : Le Monde.fr

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 20:14

 

DSCN6459Le 17 décembre 2003, le président de la République de l’époque déclarait : « le degré de civilisation d’une société se mesure d’abord à la place qu’y occupent les femmes ». Oserais-je dire qu’il est donc évident que notre société n’est pas aussi civilisée qu’elle le devrait et le pourrait ? Certes, nous sommes moins mauvais qu’un certain nombre de pays où la scolarisation des filles n’est pas encore totalement reconnue comme légitime. Cependant dans une démarche d’excellence c’est par rapport aux leaders de chaque paramètre qu’il faut se comparer et non par rapport aux derniers de la classe…

Un examen superficiel peut laisser penser que la mixité est une donnée fondamentale dans notre pays et que s’interroger à ce sujet relève des discussions sur le sexe des anges. C’est d’ailleurs ce que croit la plupart des étudiantes des grandes écoles, considérant que tout est rose maintenant que leurs mères et leurs grands-mères ont conquis le droit de vote, la contraception et l’interruption volontaire de grossesse… On va bien entendu voir qu’il n’en est rien et en particulier que la mixité n’est pas en soi un gage d’égalité ni à l’école, ni dans la vie professionnelle. On peut même dire que si l’objet de la mixité à l’école était de parvenir à l’égalité scolaire entre les filles et les garçons, c’est un échec puisqu’elle n’empêche pas la ségrégation sexuée des études à la fois par niveaux et par domaines.

En effet, bien

  • Que 54% des lycéens soient des lycéennes,
  • Que 40% des élèves de terminales scientifiques soient des filles
  • Et qu’elles réussissent mieux au bac que les garçons (taux de réussite au bac S 82% pour les filles contre 77% pour les garçons, ce qui conduit au fait que 43% des reçus au bac S sont des filles),

 Elles ne sont que

  • 23% en classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs,
  • Et représentent moins d'un élève sur six dans ces écoles.

 Une autre façon d’observer le même phénomène consiste à dire que les filles représentent sensiblement

  • 55% des diplômés des premier et deuxième cycles de l’enseignement supérieur
  • Mais seulement 43% des diplômés du niveau bac + 5…

 Par ailleurs, l'attrait des différentes filières de l'enseignement supérieur est très fortement dépendant du sexe puisque

  • Les sciences de l'homme et de la société comptent 71% de filles ;
  • Les sciences juridiques, économiques et politiques, 60% ;
  • Les sciences paramédicales et pharmaceutiques, 61%
  • Et les sciences et techniques, 34%.

L’effet « paroi de verre » se fait donc sentir très tôt…

Le choix d’une discipline est certes fonction des aspirations des élèves, mais celles-ci ne sont-elles pas fortement influencées par les clichés relatifs à la distribution des rôles féminins et masculins ? Ces stéréotypes ont la vie dure. Ils sont répercutés à la maison, à l'école et dans l’ensemble de la société. « Naturellement », on orientera plus facilement une jeune fille vers le social ou la biologie ; « naturellement », les professeurs de sciences du secondaire accorderont plus de temps à un garçon qu'à une fille, féliciteront le premier pour la rigueur de son raisonnement et la seconde pour la clarté de sa copie ; « naturellement » certains parents seront persuadés que leurs fils sont plus intelligents que leurs filles, qui, elles, sont plus sociables…

La bosse des maths n'existe cependant pour personne ! Jusqu'à la seconde, les filles sont meilleures que les garçons en français et égales en maths ! Par contre, les filles n'ont pas assez confiance en elles et à niveau égal, les garçons se croient nettement meilleurs qu'ils ne sont alors que les filles se sous-estiment … La sociologue Marie Duru-Bellat explique à ce propos dans « l’école des filles » que le système éducatif fait tellement confiance aux garçons qu’il les conduits à se persuader de leurs talents et à choisir des cursus que les filles n’osent même pas envisager. Catherine Marry dit quant à elle que « la croyance des maîtres dans la supériorité des garçons en mathématiques et celle des filles en littérature est décelée, dès l’école primaire, alors même que les différences de performance sont inexistantes ».

Ces attentes fonctionnent comme des prophéties et alimentent la surévaluation des garçons en mathématiques et la moindre confiance des filles qui s'engagent donc moins dans les formations scientifiques considérées comme filières d’excellence… Il est d’ailleurs symptomatique de remarquer qu’au XIXème siècle, les études les plus prestigieuses étaient les humanités classiques qui étaient donc masculines…

Ce manque de confiance en elles de la plupart des femmes se retrouvera tout au long de la vie professionnelle et on peut dire en caricaturant à peine qu’une femme moyenne se considère comme mauvaise alors qu’un homme moyen se considère comme forcément excellent ! Cela conduit aux fait que les femmes n’osent généralement pas postuler lors d’une promotion et s’inquiètent beaucoup de leurs capacités à réussir dans le futur poste alors que les hommes considèrent que toute promotion leur est due et s’intéressent déjà à l’étape suivante de leur projet de carrière… Nous y reviendrons plus loin.

---

La mixité des filières professionnelles ne préserve pas non plus les femmes des inégalités, en particulier en matière de promotion ou de salaire.

L’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est de 23%... Mais les DRH des grandes entreprises expliquent que cela n’est pas de leur faute et provient des différences de qualification des unes et des autres… Prenons donc l’écart net de rémunération, c’est-à-dire toutes choses étant égales par ailleurs, qui atteint 9% pour les ingénieurs diplômés comme l’indiquent Jacqueline Laufer et Sophie Pochic dans un article paru dans « Les cadres au travail » aux éditions la découverte.

Peut-être plus grave encore, l'écart de rémunération lors du premier emploi varie de 3 à 10% selon les filières et était de 6% dans mes propres écoles d’ingénieurs… On dirait que les entreprises font payer aux jeunes filles les difficultés qu'elles imaginent avoir ensuite avec les congés de maternité, les absences pour enfant malade, mais oublient totalement les épaules démises lors d'un match de rugby ou les fractures dues à un accident de ski ou de moto !

Dans le même ouvrage, un autre article montre que 53% des hommes cadres ont atteint ce statut par promotion (les autres l’ayant atteint par la formation initiale) mais que seulement 44% des femmes cadres sont dans ce cas. Compte tenu de la représentation inégale des hommes et des femmes dans la population des cadres, cette faible différence cache des fondamentaux beaucoup plus importants : si on prend un cadre au hasard, il y a une chance sur deux qu’il soit issu de la promotion interne, mais en réalité, on a un peu plus d’une chance sur dix de tomber sur une femme promue et prés de quatre chances sur dix (quatre fois plus !) de tomber sur un homme promu…

Il est en outre à noter que des études ont montré qu’augmenter le taux de féminisation d’une branche professionnelle ne suffit pas à faire sauter les barrières de la division sexuée du travail et qu’à coté des métiers masculins qualifiés naissent alors des fonctions féminines non qualifiées.

De même, féminiser les jurys de promotion est généralement une fausse bonne idée qui a été tentée au CNRS pour l’accès au statut de directeur de recherche de classe exceptionnelle au début des années 2000 et qui n’a servi à rien, bien au contraire : les femmes qui ont atteint ce niveau de qualification semblent en avoir tellement bavé que, soit elles considèrent qu’aucune autre ne leur arrive à la cheville, soit elles ne veulent pas leur faire subir un tel parcours du combattant…

Bien entendu, l’effet paroi de verre joue à plein dans la vie professionnelle. Par exemple, il y a 30% de femmes dans la recherche publique française mais plus de 50% à l'INSERM (Secteur Médical) et 17% à l'INRIA (Institut National de la Recherche en Informatique et Automatique)… Un autre exemple, il y a quelques années, je recrutais en simultané sur un poste de responsable de la communication pour mon campus d’Évry et sur un poste de direction d’école d’ingénieurs pour mon campus de Lille. J’avais donc sur mon bureau 2 paquets de 80 CV : l’un était constitué uniquement de candidatures masculines, l’autre était très majoritairement féminin avec 2 ou 3 CV masculins…

Le plafond de verre

Non seulement les jeunes filles sont moins payées mais elles ne parviennent jamais aux postes direction générale !

Je pense que vous connaissez aussi bien que moi le très faible pourcentage de femmes dans les équipes de direction générale des grandes entreprises ou, sujet d’une actualité récente, dans les conseils d’administration…

  • Les femmes n'occupent que 14% des 5000 postes de direction que compte la haute administration,
  • À l'éducation nationale, qui compte 62% de femmes, les rectrices se comptent sur les doigts d’une main,
  • Dans la magistrature, où les femmes représentent 47%, on ne compte, de mémoire, que deux premières présidentes de cours d'appel et une seule procureure générale
  • L'Inspection des finances ne compte que 8% de femmes
  • La Cour des comptes 14%
  • À l'Académie des sciences, le taux de féminisation est inférieur à 5%...
  • Parmi les 708 immortels de l’Académie française depuis sa création, on compte 6 femmes, la première ayant été Marguerite Yourcenar en 1980… 

Pas plus qu’à l’école, la mixité au travail n’est donc l’espace privilégié d’une réduction des inégalités. Toutefois, elle est une condition nécessaire et indispensable de l’égalité entre les hommes et les femmes. La mixité scolaire en particulier permet en effet l’apprentissage de la complémentarité et la première ouverture sur la richesse des différences. Je m’autorise à penser qu’on ne peut vouloir un monde fondé sur une égalité des chances indépendante des conditions sociales, des conditions ethniques ou des handicaps physiques si nous n’avons pas, déjà tout petit, appris la tolérance et le respect vis-à-vis de l’autre sexe.

Cependant, les comportements des filles et des garçons évoluent (et pas forcément dans le bon sens…) au fil des cycles scolaires : à l’école élémentaire, la mixité est évidente et les enfants travaillent volontiers en groupes mixtes même si dans la cour de récréation ils se regroupent par sexe ; au collège certains codes sociaux se développent dans la classe : le garçon qui se place à côté d’une fille est perçu comme manquant de virilité et sujet à moqueries, la fille qui se place à côté d’un garçon est considérée soit comme un garçon manqué soit comme une allumeuse ; au lycée, les tables mixtes sont peu fréquentes et codifient une relation amoureuse entre la fille et le garçon.

Les filles et les garçons coexistent donc à l’école mais sont « à côté » et non « ensemble ». Des efforts pour favoriser la communication entre les genres et le travail en groupes mixtes restent donc à faire. Le développement d’une véritable culture de la mixité passe par l’instauration de séquences pédagogiques où filles et garçons découvriront de façon active et concrète la richesse de leurs différences.

 

Alors que faire ?

Si nous voulons que chacun puisse s'orienter selon ses goûts et non selon son genre et si nous voulons équilibrer la présence des hommes et des femmes dans tous les secteurs du travail, c'est donc en amont qu'il faut faire comprendre aux filles que s'offrent à elles les mêmes opportunités qu'aux garçons. Ce sont les écoles primaires, les collèges et les lycées qui constituent le berceau d’un bouleversement progressif des rapports entre les hommes et les femmes dans notre société. Ce travail suppose une remise en cause de nos manières d'enseigner et d'orienter et tout un travail d'analyse et d'éradication des stéréotypes que nous véhiculons malgré nous.

Au-delà des idées précédentes et de celles évoquées dans d’autres cercles, comme l’inscription d’une sensibilisation au genre dans les programmes de formation des enseignants et l’instauration d’objectifs chiffrés de progression du nombre des filles qui accèdent aux filières scientifiques et techniques, il est fondamental d’insister sur l’importance des modèles féminins qui élargissent les aspirations des filles.

Pour que cet effet modèle soit efficace, ce sont de jeunes femmes qui viennent de débuter leur activité professionnelle, et qui donc doivent conjuguer leur vie en entreprise, leur vie de femmes, de jeunes mariées et de jeunes mamans, qu’il faut envoyer dans les collèges et dans les lycées. Je crois à ce propos que l’ère du bénévolat est terminée : Il faut que cette activité, demeurant bien entendu fondée sur le volontariat, soit comptabilisée, au moins pour partie, dans le temps de travail et soit considérée comme normale pour une jeune salariée. Pour que les entreprises soient aussi gagnantes, il faudrait aussi certainement diminuer les charges sociales de celles qui acceptent ce principe…

Oui cela a un coût pour la nation, mais d’une part, nous devons décider où sont nos priorités sociétales et d’autre part, le budget correspondant pourrait se trouver par création d’une taxe sur les différences de salaires, à niveau de diplômes et d’anciennetés identiques, entre les hommes et les femmes : que les entreprises qui ne participent pas au jeu de l’égalité paient pour celles qui investissent dans ce domaine !

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Cet effet modèle, ce mentoring est aussi indispensable en entreprise. J’ai déjà dit qu’une femme moyenne se considère généralement comme mauvaise et ne pense donc pas à lever le doigt lors d’une possibilité de promotion… Chaque femme cadre dirigeant dans une structure devrait donc avoir inscrits dans sa feuille de mission, la détection des potentiels féminins et l’accompagnement de ses filleules. Chacun d’entre nous peut aussi se donner ce rôle à titre individuel sans attendre que l’organisation à laquelle on appartient nous le demande…

À propos de mentoring et de coaching, je voudrais vous livrer une anecdote qui nous est arrivée, mon épouse et moi, il y a une quinzaine de jours. Nous étions en Tunisie pour signer des accords au titre de mes anciennes fonctions. Sihem, la directrice nouvellement nommée de l’école d’ingénieurs avec laquelle la convention avait été négociée, est une amie de longue date, aussi bien de ma femme que de moi-même. Pour elle, cette manifestation était une grande première : réception officielle, délégation française importante, discours devant plusieurs ministres…

Ne se sentant pas à l’aise dans son nouveau costume même si elle le mérite pleinement, ne voulant pas paraître incompétente devant ses nouveaux collaborateurs, mais sachant que mon épouse a une expérience certaine de ce type de manifestation, elle s’est naturellement tournée vers elle pour tester ses idées et pour demander conseil… Cela s’est produit à plusieurs reprises pendant les trois jours de notre déplacement. Elles se sont même quittées le dernier soir en convenant que cela pouvait continuer par messagerie électronique ou par téléphone après notre retour en France… Bien entendu, Sihem n’aurait jamais demandé conseil à un homme, même pas à moi…

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Notons aussi un effet pervers de l’organisation de la journée de travail dans les pays latins corrélé à ceux du networking ou réseautage : la détection des viviers potentiels pour une future promotion se fait souvent en France lors des réunions tardives ou lors des séquences informelles qui clôturent une journée de travail, à un moment où les femmes sont généralement rentrées pour s’occuper de leurs enfants…

Dans les pays d’Europe du Nord au contraire, si vous êtes encore dans l’entreprise à cette heure là, c’est que vous êtes très mal organisé, incapable d’achever votre travail dans les délais et donc inapte à une quelconque promotion… De toute façon, à cette heure là, les cadres dirigeants males sont déjà partis au golf ou au tennis… Par ailleurs, est-on encore réellement efficace à ces heures tardives si la journée a été celle d’un cadre dirigeant « normal » c’est-à-dire intense et bien remplie ? Certainement pas et une certaine maitrise des amplitudes journalières est donc un facteur d’efficacité des équipes…

Il n’est pourtant pas très difficile de décider que, sauf exception vraiment exceptionnelle, aucune réunion ne commence avant 9 heures et aucune ne se termine après 17 heures ! À condition bien entendu de savoir définir un ordre du jour, un horaire de début, une heure de fin et donc un séquencement prévisionnel des différents points à traiter…

Je l’avais fait dans l’établissement que je dirigeais et des discussions avec mes partenaires sociaux en particulier m’avaient même amené à éviter autant que faire se pouvait les réunions ou les amphis du personnel le mercredi… Ce n’est qu’une question d’habitude et cela ne concerne pas que les femmes bien entendu ! Il y a des hommes qui ont besoin de pratiquer un sport pour être bien dans leur peau, il y a de jeunes pères qui souhaitent s’occuper de leurs enfants et pour qui c’est peut-être encore plus difficile que pour une femme de quitter une réunion qui s’éternise en disant qu’il doit aller chercher ses gamins chez la nourrice…

C’est aussi une question basique de management : la mixité des équipes conduit invariablement à une meilleure productivité, et des collaborateurs mieux dans leur peau sont plus efficaces. Quand un objectif est stratégique, c’est à la plus haute autorité hiérarchique de s’y intéresser. Quand vous demandez régulièrement des comptes à votre DRH sur les écarts de rémunération à niveau de qualification et ancienneté équivalent, quand vous lui demandez de mettre en place un plan public de résorption des inégalités, quand vous interrogez systématiquement vos chefs de service sur les raisons qui peuvent expliquer que le taux de féminisation baisse entre les candidatures et les candidats convoqués en entretien de recrutement, ou pourquoi le panel des candidatures proposées pour une promotion ne respecte pas la diversité du vivier, c’est l’organisation toute entière qui comprend que tout cela n’est pas uniquement un discours pour faire bien lors du bilan social annuel…

Terminons par deux remarques, ce tour, un peu désordonné je l’avoue, des mesures possibles.

Je crois personnellement beaucoup au CV anonyme, sujet sur lequel travaille, vous le savez, le commissariat à la diversité et à l’égalité des chances. En effet, 80% des cas de discriminations à l’embauche s’expriment lors de l’étude du CV et de la lettre de motivation. Ce sujet qui concerne principalement les minorités dites visibles, concerne aussi les femmes d’une part et les séniors d’autre part.

 

Notons enfin que, contrairement à ce que pensent certains, la fonction publique souffre des mêmes problèmes que le secteur privé. Certes les recrutements se font généralement sur concours et la logique des grilles indiciaires ne laisse pas de place à une discrimination selon le genre. Mais, comme on l’a vu pour les directeurs de recherche du CNRS, certaines promotions se font au choix. Par ailleurs, l’effet autocensure des femmes jouent aussi pour les promotions sur concours et enfin est-on vraiment certains que les épreuves des concours ne soient pas biaisées selon le genre ? Elles semblent bien l’être selon l’origine sociale…

 

Pour quels objectifs ? 

  • Pour que chacun puisse s'orienter selon ses goûts et non selon son genre
  • Pour équilibrer la présence des hommes et des femmes dans les secteurs du monde du travail
  • Parce que partout où elles sont intervenues, les femmes ont changé la façon d'aborder et de résoudre les problèmes : offrons-nous la chance de leur donner la place qui leur revient de droit ! Cessons de priver le monde de la variété des genres et de la diversité des origines, sociales ou ethniques, garantes de richesse intellectuelle. C’est un véritable challenge collectif mais aussi pour chacun d’entre nous à titre individuel. Nous sommes informés de la situation et aucun d’entre nous ne pourra dire à ses petits enfants « je n’ai rien fait car je n’étais pas au courant ».

 

 

Christian Margaria

 

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 12:39

Faire, mais aussi faire savoir : pour les universités et les grandes écoles, la communication est en train de devenir un enjeu majeur - en France comme à l'international. Résultat, les initiatives en la matière se multiplient, sous les formes les plus diverses (Internet, vidéo, édition, presse…), et les services communication se renforcent à grande vitesse. C'est la raison pour laquelle l'Arces (Association des responsables communication de l'enseignement supérieur) vient, pour la première fois, de désigner les meilleures actions de l'année, dans 5 catégories.

-Communication numérique : premier prix à Télécom Bretagne, pour son système de « codes 2D », qui enrichissent l'imprimé par des vidéos ; prix « coup de coeur » à l'Enass, pour son « portail des formations en assurance ».

-Campagne de presse : premier prix à l'Insa-Lyon, pour l'opération « L'Insa-Lyon fait son cinéma ».

- Action de communication : premier prix à l'université d'Angers (création d'une carte collector pour la médecine préventive) ; « coup de coeur » à l'Insa-Lyon pour son film « Les coulisses de l'Insa-Lyon ».

- Edition : premier prix à l'UT Compiègne pour son magazine « Interactions » ; « coup de coeur » à l'université de Bretagne Sud pour son agenda étudiant.

- Communication corporate : premier prix à l'université d'Angers pour sa semaine du développement durable.

 

Source : Les Echos

 

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 11:06

terre-globe.jpg Project Education lance un cycle de conférences philanthropiques ! 

Chaque mois, une personnalité du monde académique, économique, politique, artistique, littéraire est invitée à diffuser un savoir et à échanger avec les participants sur des sujets de société. 

L'objectif de ces conférences est de permettre à tout un chacun de renforcer sa culture générale et de mieux appréhender les enjeux du monde d'aujourd'hui et de demain tout en accomplissant une bonne action. 

En effet, ces événements sont organisés au profit de l'association Parrains d'Avenir qui agit pour lutter contre les inégalités en matière d'orientation scolaire. A l'issue de cette conférence chaque participant sera libre de verser le montant qu'il désire. 

La première conférence sera animée par Yves Mossé, ancien élève de l'ENA, ancien haut fonctionnaire de l'Etat et des collectivités locales. Il animera une conférence sur le thème : "Sport, enjeux géopolitiques et facteurs de mutation internationale". 

A l'heure où tous les regards sont tournés vers les stades Sud Africains, où les vuvuzelas assourdissent les spectateurs, où la France ne fait (presque) plus partie de la compétition, nous vous proposons de vous pencher sur les liens ancestraux entre les événements sportifs et les relations interétatiques. 

Renseignements et Inscriptions : 
Project Education 
01 45 62 37 24
15 bis rue de Marignan - 75008 Paris 

Pour découvrir Parrains d’Avenir : www.parrainsdavenir.com

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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 23:58

Après la mise en place de la réforme « LMD » (Licence-Master-Doctorat), l’Allemagne poursuit la réforme de son enseignement supérieur en vue d’attirer les meilleurs étudiants allemands et étrangers. L’État fédéral va investir deux milliards d’euros dans un « Pacte pour la qualité de l’enseignement » au cours des dix prochaines années, a annoncé lundi la ministre fédérale de l’Éducation et de la Recherche, Annette Schavan, lors d’une conférence nationale à Berlin. L’État déboursera, par ailleurs, 90 millions d’euros de plus que prévu d’ici à 2015 pour soutenir la mobilité des étudiants.

Ouverture européenne

Un peu plus de dix ans après le lancement du processus de Bologne, qui vise la création d’un espace universitaire européen, l’enseignement supérieur a changé de visage en Allemagne. À la rentrée de septembre 2008/2009, 75% des cursus proposés dans les universités allemandes avaient adopté le découpage « LMD », soit 20% de plus qu’au début de l’année 2008.

Mais cette évolution ne s’est pas déroulée sans heurts. À l’automne dernier, les étudiants allemands sont descendus dans la rue pour dénoncer les conséquences de cette adaptation : des cursus plus scolaires au niveau licence, des conditions d’études plus stressantes avec des examens plus nombreux et des problèmes d’équivalence pour ceux qui changent d’université. La Conférence permanente des ministres de l'éducation et des affaires culturelles des Länder (KMK) s’était promis de leur répondre.

Au terme de plusieurs mois de dialogue, les représentants des étudiants, de l’État, des Länder, des universités, des entreprises et des syndicats ont ainsi fait le point, lundi, à Berlin. Les mesures annoncées constituent un « signal de notre volonté commune de faire quelque chose pour améliorer les conditions d’études et l’enseignement », a souligné Mme Schavan.

Mieux reconnaître les tâches d’enseignement

Ainsi, le « Pacte pour la qualité de l’enseignement » renforcera les moyens en personnels dont disposent les universités. Il leur permettra de procéder à des nominations anticipées, à des recrutements et de favoriser les programmes de tutorat. Mais ce n’est pas tout. Il favorisera également la formation continue des personnels en matière de pédagogie, d’encadrement et de conseil aux étudiants. « Nous voulons promouvoir une culture de la reconnaissance vis-à-vis de l’enseignement », a souligné Mme Schavan. Les établissements d’enseignement supérieur vont créer une nouvelle académie, qui jouera un rôle central en ce sens.

La promotion de la mobilité s’inscrit, elle, dans le droit fil des réformes visant la création d’un espace universitaire européen. Les 90 millions d’euros supplémentaires serviront à encourager les partenariats entre les universités, ainsi qu’à créer des cursus de licence en quatre ans intégrant des séjours à l’étranger et des cours de langue.

Mais au-delà de la mobilité géographique, Berlin veut aussi favoriser la mobilité sociale. « À long terme, nous voulons soutenir la formation continue tout au long de la vie », a souligné Mme Schavan. Face à l’émergence d’une économie de la connaissance, où compétitivité rime avec innovation, le gouvernement allemand a fait de « l’ascension par l’éducation » son credo. Un enjeu d’autant plus brûlant que le vieillissement de la population crée une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les entreprises.

 

Source : Cidal

 

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 23:11
JEFFREY D. SACHS EST DIRECTEUR DE L'INSTITUT DE LA TERRE (COLUMBIA UNIVERSITY) ET COFONDATEUR DE MILLENNIUM PROMISE.

On n'a pas tous les jours l'occasion de rallier deux partenaires tels que le géant des télécommunications Ericsson et la chanteuse Madonna, qui lancent ensemble l'opération Connect to Learn (www.connecttolearn.org) pour relier les enfants du monde entier et, grâce au haut débit sans fil, leur faire bénéficier de l'enseignement secondaire. Avec mes collègues de l'Institut de la Terre et du Millenium Promise, nous nous joignons à leur entreprise.

Aujourd'hui, la révolution de l'information et de la communication est sans conteste le plus grand facteur de développement économique au monde. Il n'y a pas qu'à New York, Shanghai ou Paris que l'on voit des passants déambuler, téléphone mobile en main. Les taxis de Nairobi, ou les chameliers du Nord Kenya en sont pourvus aussi. Il y a aujourd'hui 4,6 milliards d'abonnés, et ce chiffre ne cesse de grimper. L'Afrique subsaharienne en compte à elle seule près de 250 millions.

Pour l'éducation, la propagation de la 3G (et bientôt de la 4G) constitue une avancée. Tout d'un coup, par le biais de panneaux solaires, d'ordinateurs peu coûteux et un accès sans fil, les écoles les plus reculées peuvent se connecter à Internet et à d'autres écoles.

Les résultats sont extraordinaires. Les enfants d'une communauté rurale du Kenya du Nord-Est, dans le cadre de l'opération des Villages du Millénaire, ont pu, en quelques minutes, avoir accès à des informations sur leur propre communauté et les lire. Des populations, souffrant jusque-là d'absentéisme scolaire, ont vu reparaître les enfants à l'école. Il a suffi de quelques aménagements peu coûteux -accès à Internet tout d'abord, service de cantine scolaire et approvisionnement en eau potable -pour assister à une amélioration de la qualité, des performances et de l'attractivité de leur école vis-à-vis des parents et des écoliers.

Les communautés rurales et traditionnelles qui ne songeaient pas à éduquer les filles, entrevoient, avec des financements modestes, l'avantage qu'il y a à donner une éducation aux filles, comme aux garçons.

Le coup d'envoi de cette initiative éducative d'envergure mondiale a été donné récemment au Malawi, où Madonna et Hans Vestberg, le PDG d'Ericsson, ont inauguré une école de filles.

La généralisation de l'enseignement secondaire, en particulier chez les filles, a une influence décisive sur les sociétés qui essaient de réduire la pauvreté, car l'éducation agit également sur la dynamique démographique. Dans les régions les plus pauvres du monde, où on ne dispense toujours pas d'enseignement secondaire aux filles, celles-ci se marient très jeunes et ont en moyenne 6 à 8 enfants. Celles qui vont à l'école se marient beaucoup plus tard, vers vingt, vingt-cinq ans. Elles ont accès au monde du travail et ont 2 à 3 enfants.

Les effets du contrôle des naissances sur le recul de la pauvreté sont réels et rapides. Moins les familles pauvres ont d'enfants, plus elles peuvent consacrer d'argent à la santé, à l'alimentation et à l'éducation. Ralentir la croissance démographique revient à ménager la terre, l'eau et la biodiversité. Bref, la corrélation entre éducation et diminution du taux de fécondité, accélération du développement économique et protection de l'environnement, est trop étroite et trop évidente pour être ignorée.

Relier entre eux les enfants du monde entier par des programmes partagés en ligne, faciliter la création de réseaux sociaux dès le plus jeune âge, voilà qui permettra de récolter des bénéfices éducatifs considérables. En activant un lien « d'école à école », de tout jeunes enfants de deux écoles élémentaires, l'une aux Etats-Unis et l'autre au Kenya, ont pu partager une « lecture à voix haute » à 13.000 kilomètres de distance. Le Teachers College de l'Université de Columbia doit encadrer ce dispositif interscolaire de près.

Les estimations actuelles font apparaître qu'environ 300 millions d'enfants en âge d'aller à l'école n'ont pas accès au secondaire, principalement pour des raisons d'ordre économique. Ce déficit de scolarisation, qui met en danger l'avenir de ces enfants et de leurs sociétés, peut aujourd'hui être corrigé à un coût abordable. La combinaison d'un Fonds mondial pour l'Education et d'un effort d'envergure mondiale pour connecter les enfants du monde entier, est l'occasion d'une avancée, encore inenvisageable il y a seulement quelques années.

Ce type d'initiative fait encore ressortir un trait profond de l'époque : l'extrême pauvreté, l'illettrisme et la mortalité causée par des maladies auxquelles on pourrait échapper sont des fléaux anachroniques. Nous détenons les technologies et la volonté générale qui permettent d'y mettre un terme.


Source : Les Echos


Project Education - http://www.project-education.eu/

 

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 23:27

 

legrand Maxime Legrand participera lundi 14 juin à la Conférence sur l'enseignement et la recherche en finance suite à la crise organisée par le Club des Jeunes financiers.

Il interviendra à une Table Ronde portant sur l'avenir pour les financiers de demain.

 

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 17:43

L’inauguration d'une fresque murale géante à Villiers-le-Bel. Un déplacement à La Courneuve pour rencontrer des jeunes. Une rencontre à Bondy avec une star hollywoodienne. L'ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin, multiplie depuis un an les actions en direction des banlieues sensibles. Mais ces opérations symboliques et médiatiques masquent l'ampleur du travail de réseau effectué en France ces dernières années pour identifier les élites des quartiers et des minorités ethniques.

 L'ambassade américaine s'est en effet constitué un carnet d'adresses exceptionnel - aujourd'hui le plus complet, le plus pertinent, le plus actualisé sur les banlieues françaises. Au point que ni les partis politiques ou les associations, ni le monde intellectuel ou médiatique - toujours très frileux sur les questions de diversité - ne rivalisent avec le réseau de l'ambassade américaine.

Des dizaines de responsables associatifs, d'éducateurs, d'élus locaux de droite comme de gauche, d'artistes, de jeunes chercheurs ont ainsi été identifiés comme de futures élites de la société française. "C'est fascinant : chaque fois que je rencontre quelqu'un de brillant, il est déjà en contact avec l'ambassade", témoigne Ahmed El-Keiy, 43 ans, présentateur d'un talk-show sur France Ô et un des meilleurs connaisseurs des réseaux de la diversité.

Les plus prometteurs se voient proposer des séjours de deux à trois semaines aux Etats-Unis pour approfondir leurs réflexions sur leurs sujets d'intérêt (Le Monde du 6 mai). Un programme de "visiteurs internationaux" que l'ambassade destinait autrefois aux filières traditionnelles les plus élitistes. Des figures comme Nicolas Sarkozy ou François Fillon ont ainsi bénéficié de ces dispositifs lorsqu'ils étaient trentenaires.

Depuis le 11 septembre 2001, les Américains ont en partie réorienté leur stratégie d'influence vers les leaders musulmans des pays occidentaux. Une démarche renforcée par l'élection de Barack Obama. "Notre volonté est d'identifier les futurs leaders français, ceux qui pourront émerger, ceux qui seront amenés à prendre des responsabilités", explique Lora Berg, attachée culturelle de l'ambassade. "Les Américains misent sur un changement socio-démographique en France, complète le chercheur Vincent Geisser, 42 ans, spécialiste de l'islam, parti aux Etats-Unis fin 2009. Ils font le calcul que les élites françaises, aujourd'hui âgées et blanches, vont forcément évoluer, et identifient ceux qui, aujourd'hui en périphérie du système, pourront être demain des leaders."

Loin des fantasmes sur la toute-puissance américaine, le travail de repérage est effectué par une employée française de l'ambassade, Randiane Peccoud, 53 ans, chargée de la société civile ; une méthode simple mais efficace, un travail de veille, la participation à des dizaines de rencontres et le bouche-à-oreille pour savoir qui fait quoi et qui est intéressant.

"C'est simple, Randiane connaît tout le monde", s'émerveille Bruno Laforestrie, directeur de la radio Générations 88.2. "Le Who's Who de la diversité en France, c'est elle qui le tient", glisse Fayçal Douhane, membre du bureau national du PS, parti aux Etats-Unis il y a deux ans. "Ils ne cherchent pas des leaders médiatiques, mais des gens qui agissent, qui sont acteurs, qui produisent quelque chose", relève El-Yamine Soum, 31 ans, sociologue, impliqué dans le réseau de l'ambassade. "Je n'ai jamais vu un réseau pareil", témoigne Ali Zahi, adjoint au maire de Bondy, invité aux Etats-Unis après les émeutes de l'automne 2005.

Le décalage entre l'activisme américain et la frilosité française est perçu douloureusement. Comme un indice supplémentaire du désintérêt de la société française. "L'ambassade avance sur un territoire vierge qu'aucune institution ne cherche à travailler", note Antoine Menuisier, rédacteur en chef du "Bondy Blog". "Nous sommes identifiés par un autre pays comme un leader potentiel, alors que nous ne sommes pas reconnus ici", ajoute Rokhaya Diallo, 32 ans, présidente des Indivisibles, de retour des Etats-Unis. "Aux Etats-Unis, on nous considère comme un espoir, comme un acteur potentiel de la France de demain", se réjouit Reda Didi, 34 ans, consultant en ressources humaines, président de Graines de France, un groupe de réflexion sur les quartiers.

Même analyse de la part de Majid El-Jarroudi, jeune patron de 33 ans, invité aux Etats-Unis pour un sommet économique : "Ce qui est troublant, c'est qu'on a plus d'écho auprès du gouvernement américain que vis-à-vis des institutions françaises." L'autre surprise vient du pragmatisme absolu dans les stratégies de détection.

"Leur force, c'est qu'ils mettent tout le monde sur le même pied. Ils ne sont pas dans une logique d'étiquette, comme nous Français, mais dans une logique d'action : qui agit ? Qui propose ? Qui innove ? Et pas : Quel est ton diplôme ? Où tu as fait tes études ? Qui est ton père ?", résume l'humoriste Yassine Belattar, un des piliers des réseaux de la diversité en France.

 

Source : Le Monde

 

Project Education - project-education.eu

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 15:17

legrand.gif Lundi 14 juin 2010 à 18 heures, Le Club des Jeunes Financiers organise la Conférence sur l'enseignement et la recherche en finance suite à la crise.

Maxime Legrand, Président et Fondateur de Project Education sera présent et interviendra sur l'avenir des financiers de demain.

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 21:37

Valérie Pécresse a déclaré hier, lors d'une visite à l'Ecole Centrale de Paris, souhaiter créer en 2011 un "indicateur de performance sociale applicable à tous les établissements d’enseignement supérieur, universités et Grandes écoles".

Cet indicateur, qui sera pris en compte dans le volet "performance" du contrat d'établissement, doit permettre de "prendre en compte l’accueil et la réussite des étudiants boursiers", "de fixer des objectifs pluriannuels et de mesurer les progrès réalisés et ceux restant à accomplir" et "d’évaluer les résultats de la politique menée en faveur de l’égalité des chances dans l’accès à l’enseignement supérieur".

 

Source : Ecoles-entreprises.com

Project Education - www.projecteducation.eu

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